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Biographies et résumés des intervenants
Biographies des Intervenants et Résumés des Interventions
1. Bahman Ajang, psychopédagogue (Paris) Bahman Ajang est psychologue et diplômé en science cognitives de l’ENS Paris. Il est formé au Focusing d’Eugene Gendlin, à l’hypnose et à l’Entretien d’Explicitation. Il pratique la méditation Vipassana. Il exerce en Centre Médico-Psycho-Pédagogique (CMPP) ainsi qu’en cabinet privé. Il s’intéresse également aux pratiques numériques et aux environnements technologiques immersifs tels que la réalité virtuelle et la réalité augmentée. Dans l’ensemble de ces domaines il vise à prendre en compte les données en première personne ceci s’agissant aussi bien de sa grille d’analyse - d’inspiration énactive-cognition incarnée - que des moyens d’intervention, par des techniques expérientielles.
2. Eve Berger, docteure en sciences de l’éducation, Directrice du Centre de formation professionnelle à la pédagogie perceptive (Paris) Docteure en sciences de l'éducation, chercheure au Centre d’Étude et de Recherche Appliquée en Psychopédagogie perceptive (CERAP, Université Fernando Pessoa, Porto, Portugal), professeure associée à l’Université du Québec à Rimouski (Canada), directrice du Centre de Formation Professionnelle en Pédagogie Perceptive. Publications en rapport avec le thème :
Intervention : Accueillir corporellement la rencontre, s’engager intérieurement dans la relation Où faut-il se placer par rapport à l’autre pour être au rendez-vous de la rencontre, pour que la relation se déploie dans toute sa potentialité ? La distance convenable pour parler à un patient d’un sujet personnel est-elle de 70 centimètres, comme le suggère un médecin canadien (Buckman, 1984) se fondant sur les célèbres travaux d’E.T. Hall ? Non, bien sûr… ce que l’on appelle la ‘distance juste’ est à chercher, à trouver, à créer. Après un court moment d’introspection sensorielle permettant à chacun de se mettre en lien avec son intériorité corporelle, je proposerai d’expérimenter en binôme différents schèmes de mouvements relationnels issus du champ de pratiques de la Pédagogie Perceptive. En partageant verbalement leurs ressentis, les participants seront invités à identifier leurs dispositions corporelles singulières d’accueil et d’engagement dans la rencontre. Nous rapprocherons ensuite ces expériences des catégories descriptives explicitées dans les recherches du CERAP.
3. Anne Cazemajou, post-doctorante ASLAN, Laboratoire ICAR (Lyon) Anne Cazemajou est docteure en anthropologie et post-doctorante ASLAN (CNRS/ICAR) dans le cadre du projet Thésée (Théories et explorations de la subjectivité et de l’expérience explicitée), initié par Magali Ollagnier-Beldame et Christophe Coupé. Son projet post-doctoral a pour objectif d’étudier et de modéliser l’expérience vécue qui accompagne les situations de première rencontre entre un soignant et un soigné. Il s’inscrit dans une approche psychophénoménologique et mobilise une épistémologie “en première personne”. L’entretien d’explicitation, développé par Pierre Vermersch, est utilisé pour recueillir des données documentant le vécu des sujets. Anne Cazemajou est également formatrice certifiée par le Grex (Groupe de recherche sur l’explicitation) aux techniques d’explicitation. Intervention (conjointe avec Christophe Coupé et Magali Ollagnier-Beldame) : Avancées de l’étude Thésée sur les premières rencontres soignant-soigné. Nous présenterons les résultats préliminaires de l’analyse de quinze entretiens réalisés auprès de soignants aux spécialités différentes, qui permettent de mieux décrire leur vécu des premières rencontres de soin. L’accent sera mis sur les catégories descriptives de l’intersubjectivité qui émergent au cours du traitement des transcriptions des entretiens. Il ressort en particulier différents modes de relation à l’autre et uneporosité des frontières interpersonnelles. Les entretiens mettent aussi en évidence la manière dont les thérapeutes et les patients prennent de l’information sur eux-mêmes, sur l’autre et dans l’espace intersubjectif, dans une co-construction permanente de leur relation. Nous verrons enfin comment des notions théoriques, comme celles de la matrice intersubjective de Stern ou du tiers analytique d’Ogden, viennent enrichir une construction catégorielle émergente et permettent de raffiner notre compréhension des processus en jeu.
4. Christophe Coupé, chercheur CNRS, Laboratoire DDL (Lyon) Christophe Coupé a obtenu un doctorat en sciences cognitives de l'Université Lyon 2 en 2003, et est depuis cette même année chargé de recherches au CNRS, au laboratoire Dynamique du Langage. Il a travaillé en particulier sur la question des origines du langage et de la cognition humaine, ainsi que sur l'évolution des systèmes de sons et l'influence de l'environnement sur ces derniers. Depuis 2014, avec Magali Ollagnier-Beldame et Anne Cazemajou, il participe à un projet de recherche centré sur les premières rencontres dans une perspective phénoménologique. L'entretien d'explicitation lui permet d'approcher l'expérience vécue des sujets, et la façon dont se construit l'intersubjectivité. Intervention (conjointe avec Anne Cazemajou et Magali Ollagnier-Beldame) : Avancées de l’étude Thésée sur les premières rencontres soignant-soigné. Nous présenterons les résultats préliminaires de l’analyse de quinze entretiens réalisés auprès de soignants aux spécialités différentes, qui permettent de mieux décrire leur vécu des premières rencontres de soin. L’accent sera mis sur les catégories descriptives de l’intersubjectivité qui émergent au cours du traitement des transcriptions des entretiens. Il ressort en particulier différents modes de relation à l’autre et uneporosité des frontières interpersonnelles. Les entretiens mettent aussi en évidence la manière dont les thérapeutes et les patients prennent de l’information sur eux-mêmes, sur l’autre et dans l’espace intersubjectif, dans une co-construction permanente de leur relation. Nous verrons enfin comment des notions théoriques, comme celles de la matrice intersubjective de Stern ou du tiers analytique d’Ogden, viennent enrichir une construction catégorielle émergente et permettent de raffiner notre compréhension des processus en jeu.
5. Jennifer Denis, psychologue clinicienne, psychothérapeute et docteure en psychologie, Université de Mons (Belgique) Jennifer Denis est docteure en psychologie, psychologue clinicienne et psychothérapeute. Spécialisée en psycho traumatologie, elle a travaillé plusieurs années au sein d’une unité de crise et d’urgences psychiatriques à Bruxelles. Actuellement, elle travaille à l’université de Mons — service de psychologie clinique systémique et psycho dynamique — où elle vient de terminer une thèse de doctorat sur l’évaluation des processus thérapeutiques à l’œuvre dans la clinique de crise. Sa recherche s’est centrée sur le vécu des actions thérapeutiques d’intervenants-experts. Parallèlement à ses activités de recherche, elle consulte en tant que psychothérapeute au sein du Centre Universitaire de Consultations Psychologiques de l’UMONS. Intervention (conjointe avec Stephan Hendrick) : Comprendre les facettes de l’expérience subjective d’intervenants-experts dans la clinique de crise Dans notre communication, nous proposons d’évaluer ce qui se joue à l’intérieur des prises en charge cliniques de crise grâce à l’exploration du vécu des actions thérapeutiques d’intervenants-experts. Notre approche psycho-phénoménologique vise à décomposer, moment par moment, le processus complexe de reconstruction des interventions cliniques. L’option qualitative et exploratoire que nous avons prise conduit à comprendre les dimensions cognitives, sensorielles et émotionnelles qui sont mises en place, de manière réfléchie et pré-réfléchie, par les intervenants de notre étude. S’intéresser au vécu des actions thérapeutiques permet selon nous de cibler comment des intervenants-experts s’adaptent continuellement aux réactions et demandes de leurs patients en état de débordement aigu. Ce travail de recherche conduit à capturer les processus thérapeutiques au cœur des interventions cliniques mais également à permettre aux intervenants d’adopter un regard réflexif quant à leur expérience de la relation thérapeutique.
6. Natalie Depraz, professeure à l’Université de Rouen, équipe ERIAC & membre des Archives Husserl (ENS Ulm) (Rouen & Paris) Biographie et résumé de l'intervention à venir
7. Ghislain Devroede, chirurgien, professeur de chirurgie à l’Université de Sherbrooke (Canada) Ghislain Devroede est Professeur de Chirurgie à la Faculté de Médecine de l’Université de Sherbrooke, au Québec, au Canada, depuis 1969. En 2013, il a été nommé Professeur Mentor, et ce mandat a été renouvelé en 2016 pour trois ans. Il fait partie du petit groupe de professeurs, qui, depuis 25 ans, tentent non pas seulement d’instruire, mais d’éduquer les étudiants en médecine de l’Université de Sherbrooke à la relation malade-médecin, à travers des ateliers expérientiels. Bien entendu, son approche de la vie en général s’est transformée en ce qui a trait à la communication, l’amitié, l’amour, et, en général, la nature des relations humaines, y compris avec les malades. Avec ceux-ci, Ghislain Devroede a adopté le modèle le plus moderne de la médecine qu’est le modèle biopsychosociospirituel, en laissant tomber le modèle biomédical un peu trop scientiste, simpliste et passéiste. Outre de très nombreuses publications tout-à-fait traditionnelles sur le plan scientifique portant sur la psychopathologie digestive et périnéale surtout fonctionnelles, il a publié quatre livres aux éditions PAYOT sur le sens de la maladie : « Ce que les maux de ventre disent de notre passé » ; « Ces enfants malades de leurs parents » (avec Anne Ancelin Schützenberger) ; « Chacun peut guérir » ; et « Lettres d’un homme à un autre. Sur la condition masculine ». Sur un plan plus expérientiel et intégré, il a publié « Au commencement », recueil de poèmes, aux éditions Saint Germain des Prés. Intervention : La première rencontre soignant-soigné : une expérience unique et transformatrice de deux individus égaux Toute science est faite de mesures et la « science » médicale, ou a fortiori psychologique, ne font pas exception. Faute d’englober toutes les variables y compris non verbales, leur espérance de vie est limitée. Mêmes les méthodes scientifique ou psychanalytique ne suffisent pas à réconcilier adéquatement conscient et inconscient. Ni permettre d’articuler la plainte aux innombrables signes non verbaux pour éviter que le Sujet souffrant ne se sente objectifié et mis à distance. La rencontre soigné-soignant exige une égalité dénuée de jeux de pouvoir au fil de l’expérience. De plus, l’histoire de cas s’inscrit dans la trajectoire d’une histoire de vie, incluant les scories des histoires ancestrales. Et que dire du vécu de l’intimité et du toucher forcément bilatéral ? Quelques exemples montreront que l’expérience intégrée de cette rencontre conditionne la disparition de la plainte et sa transformation en mieux-être. Et ce, grâce à une certaine « porosité » des frontières interpersonnelles, éminemment subjectives, avec tout ce que cela peut impliquer de projections, et d’émotions, seul véhicule psychosomatique, plus ou moins digérées de part et d’autre.
8. Cécile Duteille, docteure en sociologie, sociologue (Paris) Cécile Duteille est ingénieure d’étude au Musée des Arts décoratifs de Paris, chercheuse associée au GERPHAU (Philosophie Architecture Urbain)/ENSA Paris La Villette. Elle a soutenu une thèse en sociologie en 2003 consacrée à une Anthropologie phénoménologique des rencontres destinales et à son incidence sur la compréhension du social. À travers une analyse socio-philosophique, elle a ainsi tenté de définir l’idée de rencontre destinale et d’en dégager les caractéristiques essentielles, en passant notamment par une description phénoménologique de quelques-unes de ses formes types. Elle a publié des articles qui ont porté sur l’événement phénoménologique de la rencontre dans ses différentes manifestations et dans divers contextes (le monde urbain et numérique, le monde du savoir, etc.). Intervention : La première rencontre entre soignant et soigné : une rencontre destinale ? Cette communication a pour projet de présenter, dans un premier temps, l’idée de rencontre destinale dans ses aspects généraux et théoriques. Il s’agit dans un deuxième temps d’examiner les caractères phénoménologiques de la « première rencontre » comme un type idéal de rencontre destinale. La visée de l’exposé étant de proposer une approche et des outils pour penser la spécificité et les enjeux de la première rencontre entre soignant et soigné — dont l’issue peut s’avérer décisive dans le développement de la relation thérapeutique.
9. Jérôme Favrod, professeur ordinaire, Haute école de la santé La Source (Lausanne) Jérôme Favrod a un poste conjoint d’infirmier spécialiste clinique et de professeur en soins infirmiers en psychiatrie communautaire. Ses travaux portent sur le développement d’interventions cliniques pour améliorer le rétablissement de personnes qui présentent des troubles psychiatriques sévères, notamment dans les domaines où les traitements actuels font défaut. Il conçoit les soins infirmiers comme une science appliquée interdisciplinaire au service des patients, pour transformer les réactions humaines qui aggravent les problèmes de santé en compétences pour garder la maîtrise sur sa vie. Il est garant de la pertinence et de la cohérence de l’enseignement des soins psychiatriques dans la Haute école spécialisée. Intervention (conjointe avec Alexandra NGuyen) : Les enjeux de la première rencontre soignant-soigné pour l’alliance thérapeutique en psychiatrie L’alliance thérapeutique constitue la pierre angulaire de la relation soignant-soigné dans les soins psychiatriques et s’avère une condition essentielle à la réussite du processus thérapeutique. Elle lie le soignant et le soigné dans une dyade collaborative qui nécessite une démarche d’engagement réciproque, un accord sur les objectifs poursuivis ainsi qu’un processus d’ajustement relationnel continu tout au long de la thérapie. Il revient au soignant d’aménager des conditions relationnelles qui permettent la construction du lien, son maintien et son développement dès les premiers instants de rencontre. Trois types de variables semblent influencer l’alliance thérapeutique : celles liées au professionnel, celles liées au patient et celles liées à l’interaction et son contexte. Si cette alliance est essentielle au processus thérapeutique, la formation des professionnels est cruciale. Toutefois, sa place dans les cursus de formation ainsi que l’expertise de son enseignement tend à diminuer. La recherche en sciences de l’éducation constitue une ressource essentielle pour développer l’enseignement des compétences dans le domaine de l’alliance thérapeutique.
10. Stéphan Hendrick, professeur de psychologie, Université de Mons (Belgique) Stephan Hendrick est docteur en psychologie, psychologue clinicien et psychothérapeute formé à la thérapie familiale et à l’hypnose clinique en Belgique. Il a obtenu une bourse afin de se perfectionner au Mental Research Institute à Palo Alto. Il a exercé aussi bien dans des contextes ambulatoires qu’institutionnels. Actuellement, il est chef du service de psychologie clinique systémique et psycho dynamique à l’université de Mons (Belgique) où il enseigne les disciplines relatives au champ systémique. Ses recherches portent sur l’évaluation des processus de changement dans les systèmes humains. Intervention (conjointe avec Jennifer Denis) : Comprendre les facettes de l’expérience subjective d’intervenants-experts dans la clinique de crise Dans notre communication, nous proposons d’évaluer ce qui se joue à l’intérieur des prises en charge cliniques de crise grâce à l’exploration du vécu des actions thérapeutiques d’intervenants-experts. Notre approche psycho-phénoménologique vise à décomposer, moment par moment, le processus complexe de reconstruction des interventions cliniques. L’option qualitative et exploratoire que nous avons prise conduit à comprendre les dimensions cognitives, sensorielles et émotionnelles qui sont mises en place, de manière réfléchie et pré-réfléchie, par les intervenants de notre étude. S’intéresser au vécu des actions thérapeutiques permet selon nous de cibler comment des intervenants-experts s’adaptent continuellement aux réactions et demandes de leurs patients en état de débordement aigu. Ce travail de recherche conduit à capturer les processus thérapeutiques au cœur des interventions cliniques mais également à permettre aux intervenants d’adopter un regard réflexif quant à leur expérience de la relation thérapeutique.
11. Julie Henry, docteure en philosophie, Centre Léon Bérard & ENS Lyon (Lyon) Julie Henry est agrégée et docteur en philosophie, spécialiste de la philosophie de l’âge classique (Descartes, Spinoza), d’anthropologie philosophique, d’éthique fondamentale et d’éthique en santé. Elle est actuellement chercheur-assistante en éthique et philosophie au Centre de lutte contre le cancer Léon Bérard / ENS de Lyon, et directrice du programme « Anthropologie spinoziste et éthique en santé » au Collège international de philosophie. Elle est notamment l’auteur de Spinoza, une anthropologie éthique (Classiques Garnier, 2015) et de « Pour une éthique anthropologique des situations ordinaires » (avec le Dr Chvetzoff, Éthique et santé, 2014). Intervention : La relation de soin peut-elle être « décentrée-soignant » ? Ce qu’on peut attendre du soignant dans la première rencontre L’insistance de l’éthique en santé actuelle sur les droits, l’autonomie, l’expertise, la décision du patient a pour effet de décentrer le soin du soignant. Cela questionne alors la possibilité d’une relation de soin dont l’un des pôles serait mis de côté, mis en retrait. Dans cette communication, je souhaiterais ainsi, à partir des pratiques de soins au quotidien et avec comme visée la question de la formation des soignants, interroger ce que l’on attend du soignant dans une première rencontre : que met-il, que peut-il mettre, que devrait-il mettre de lui dans la relation de soin pour entrer en dialogue avec la personne qu’est le patient ? Quelles sont les conditions requises pour lui permettre d’ « être là » dans la rencontre, non pour y projeter son moi immédiat, mais pour permettre à l’autre d’y être aussi et l’aider à s’y dire en partie ?
12. Muriel Jan, psychologue, psychothérapeute & formatrice, Ecole Française d’Analyse Psycho-Organique (Paris) Muriel Jan-Mosser est Psychologue, Psychothérapeute, Analyste Psycho-Organique, Diplômée en Psychopathologie du bébé, en accompagnement des personnes atteintes de maladies génétiques et en maîtrise de Philosophie. Elle est formée au Psychodrame Analytique et aux soins énergétiques. Elle enseigne à l’Ecole Française d’Analyse Psycho-Organique (EFAPO), à la Sigmund Freud Université (SFU) et à l’école de sophrologie de Bordeaux (ISEBA) et propose des supervisions en individuel ou en groupe. Depuis vingt ans elle reçoit des adultes, des bébés, des enfants, des couples et anime des psychothérapies en groupe ainsi que de nombreux stages sur le thème de la naissance. Co-auteur de « Au nom de la vie, raconte-moi ta naissance… » –EDITIONS ALPHÉE, ainsi que de « L’analyse psycho-organique, les voies corporelles d’une psychanalyse », EDITIONS L’HARMATTAN. Intervention : Les enjeux et impasses de la première rencontre Dès les premiers instants de la rencontre tout communique. La position du corps, le souffle, le flot de parole, les émotions, les gestes, le regard et le ton de la voix. L’inconscient du sujet tente d’exprimer le « fond » encore inaccessible à sa conscience. Mon contre transfert physique et émotionnel ainsi que mes références théoriques et mon expérience clinique sont à l’œuvre au même moment afin d’entendre la demande inconsciente du sujet et de créer autant que possible un accueil « sur mesure » qui permettra une forme embryonnaire d’alliance thérapeutique. Entre la demande consciente du patient et ses mécanismes de défense inconscients, je navigue et élabore une hypothèse diagnostic. J’illustrerai mes propos par des exemples cliniques.
13. Bernadette Lamboy, docteure en psychologie, directrice de l'Institut de Focusing d’Europe Francophone (Bassens) Bernadette Lamboy est docteure en psychologie de l'université de Grenoble sur le thème «la mort réconciliée». Spécialisée dans l'approche humaniste expérientielle et plus particulièrement l'Approche Centrée sur la Personne (ACP) de Carl Rogers et le Focusing d'Eugène Gendlin. Elle est directrice de l'Institut de Focusing d'Europe Francophone (IFEF). Elle dispense des formations dans le domaine de la psychologie humaniste, ainsi que dans celui de l'accompagnement de fin de vie, donne des cours à l'EPP de Lyon (École des Psychologues Praticiens), pratique la supervision et la thérapie individuelle. Publications :
Intervention : Osons la rencontre Dans la relation soignant/soigné, il y a certes un soignant censé apporter de l’aide et un soigné en attente d’amélioration, mais il y a surtout deux personnes en présence. Que se joue-t-il dans cette première rencontre ? Beaucoup plus qu’il n’y parait car c’est dans la communication non-verbale que les échanges significatifs se tissent. J’aborderai cette question à travers les attitudes clés définies par Carl ROGERS (empathie, regard positif inconditionnel, congruence), à la base de l’alliance thérapeutique. Deux exemples nous serviront de documents de travail : le premier met en évidence ce qui se joue de précieux chez le soigné, le second montre comment intervient la congruence chez le soignant, nous approcherons alors le focusing d’Eugene GENDLIN. Un petit temps sera aussi consacré à la dimension expérientielle de la première rencontre.
14. Nicolas Lechopier, maître de conférences en épistémologie, Faculté de médecine, Université Lyon 1 (Lyon) Nicolas Lechopier est docteur en philosophie des sciences, maître de conférences en épistémologie et en éthique à la faculté de médecine de Lyon Est. Il conduit des recherches sur les enjeux éthiques en prévention et en promotion de la santé, sur la participation du public à l’élaboration des savoirs le prenant pour objet. Il participe à l’enseignement des sciences humaines et sociales à la Faculté de médecine de Lyon Est, et est membre du Collège national des enseignants en Humanités médicales. Il développe actuellement un projet sur les patients formateurs (projet PACTEM : patients acteurs de l’enseignement en médecine). Intervention : Faire comme si. L’exploration de la relation soignant/soigné par les jeux de rôles Les facultés de médecine ont de plus en plus recours à la simulation pour former les futurs médecins à des gestes techniques. Pour faire progresser les étudiants en matière de communication, d’empathie, de réflexivité, des jeux de rôles sont organisés. Or, dans une enquête récente, nous nous sommes aperçus qu’en général les étudiants qui déclarent avoir beaucoup appris lors de ces séances de jeux de rôles déclarent aussi ne pas se sentir plus à l’aise ensuite dans les relations soignants/soignés. Certains médecins objectent pour leur part que la simulation ne permet pas d’accéder à l’expérience spécifique de la relation de soin. Dans ces conditions, les rencontres soignants/soignés « simulées » peuvent elles nourrir une réflexion plus générale sur ce qui se passe « en vrai » lors de ces rencontres ? Je reviendrai plus en détail sur les pratiques pédagogiques menées à la Faculté de médecine de Lyon Est et discuterai des enjeux pragmatiques et contextuels du travail sur l’empathie.
15. Alice Lenay, doctorante, UMR LITT&ARTS, Université Grenoble-Alpes & Laboratoire DYCOG (Lyon) Alice Lenay est artiste chercheuse. Elle prépare actuellement un doctorat de recherche et création, sous la direction d'Yves Citton et de Jean-Philippe Lachaux (UMR LITT&ARTS de l'Université Grenoble-Alpes, laboratoire DYCOG de l'INSERM à Bron et théâtre de l'HEXAGONE Scène Nationale Arts Sciences à Meylan). Elle travaille sur les apparitions de visages sur écran, la question de la rencontre et de l'être-ensemble au sein des environnements médiatiques. Intervention : Exercices de Rencontre à l’usage de ceux qui veulent mesurer la distance qui les sépare Les « Exercices de rencontre à l’usage de ceux qui veulent mesurer la distance qui les sépare » sont des sessions d’expérimentations artistique et collective sur le face à face. Dans un petit manuel distribué aux participants se trouvent des citations de sociologues, d'anthropologues, de philosophes ou d'artistes qui écrivent sur autrui, la rencontre, la relation, l'attention à l'autre. À partir de ces citations, nous avons inventé des exercices pour essayer, vérifier, éprouver avec nos corps et nos mots les idées écrites. Deux par deux, nous rejouerons nos rencontres, redécouvrant les gestes et les regards qui construisent, entre toi et moi, le milieu de notre relation. Après une présentation du projet, les participants sont invités à se regrouper en binôme, pour essayer les exercices. Le groupe de recherche se retrouve ensuite pour partager ses impressions. Nous pouvons alors corriger et augmenter le manuel ensemble. Les participants repartent avec un exemplaire du manuel qu’ils peuvent continuer à utiliser et transformer.
16. Tanguy Leroy, maître de Conférences en psychologie sociale, Laboratoire GRePS, Université Lyon 2 (Lyon) Maître de Conférences en psychologie sociale au sein du laboratoire GRePS de l’Université Lyon 2, Tanguy Leroy s’intéresse en particulier aux processus socioaffectifs impliqués dans la prévention des risques en santé et dans le vécu de la maladie chronique ou du handicap sévère. Ses travaux s’inscrivent dans une perspective dyadique soulignant les influences réciproques entre les perceptions, le vécu et les comportements du patient et ceux des membres de son entourage, aidants naturels ou institutionnels. Intervention (conjointe avec Myriam Pannard) : Apports des déterminants psychosociaux, émotionnels et éthiques dans l’instauration de la relation médecin-patient La rencontre médecin-patient s’inscrit le plus souvent dans un contexte émotionnel spécifique, souvent ambivalent, au moins pour le patient. En effet, en même temps que ce dernier fonde sur le soutien médical des espoirs de réassurance ou d’amélioration de sa santé, cette rencontre peut également s’avérer anxiogène si le patient redoute une altération de sa qualité de vie liée à la prise en charge (dépistage positif, diagnostic péjoratif, traitements lourds…). C’est dans ce contexte émotionnel que doit s’opérer une transmission réciproque d’informations (sur les symptômes, sur la pathologie, sur les traitements…) visant à établir un diagnostic approprié de la situation et/ou à prendre une décision de soins à la fois éclairée et adaptée aux capacités et difficultés, effectives ou anticipées, du patient. L’efficacité de cette transmission d’informations, et donc des aboutissements de la rencontre, repose alors sur diverses compétences psychosociales du médecin et de son patient que nous tenterons d’identifier. Il s’agira ainsi de préciser les apports de la psychologie sociale, et notamment d’une approche socio-affective, pour la compréhension des déterminants de la qualité de la relation médecin-patient, et d’illustrer ces aspects théoriques par des données recueillies dans le cadre spécifique des consultations d’oncogénétique. En France, l’étude des prédispositions génétiques au cancer est réalisée par les oncogénéticiens et conseillers en génétiques. Une étude par entretiens semi-directifs menée auprès de 27 de ces professionnels de santé a permis d’explorer différentes dimensions de leur expérience vécue, dans un contexte d’exercice en pleine évolution. Nos résultats nous ont permis d’identifier les éléments clés structurant la pratique professionnelle en oncogénétique : la capacité à délivrer une information fiable et compréhensible, à réaliser des tests génétiques pertinents et à mettre en place une prise en charge adaptée. Les professionnels en oncogénétique considèrent comme privilégiées leurs relations avec leurs patients en raison des thématiques des consultations mais aussi de leur durée. Très engagés dans leurs pratiques professionnelles, les oncogénéticiens et conseillers en génétiques revendiquent une réflexion éthique mise au service des patients ainsi que le développement de compétences professionnelles et notamment socio-affectives, indispensables au bon exercice de leur travail.
17. Thibaud Marmorat, doctorant en psychologie sociale, de l’Université Lyon 2, Laboratoire GRePS, Université Lyon 2 (Lyon) Titulaire d’un master 2 recherche « Représentations et Transmissions Sociales », je suis inscrit en première année de thèse sous la direction du professeure Marie Préau au sein du GRePS. Ce travail a pour ambition de saisir le rôle des croyances et des savoirs des malades dans le processus d’adhésion thérapeutique et d’interroger le rôle du contexte de la voie per os dans la symbolisation de la maladie-cancer. Intervention (conjointe avec Marie Préau) : Les représentations des patients comme outils de compréhension des relations médecins-patients : les apports de la psychologie sociale de la santé Les relations médecins-patients constituent un lieu essentiel de la mise en place de la prise en charge des maladies chroniques. En ce sens, étudiées depuis de très nombreuses années par les différentes disciplines des sciences humaines et sociales, elles constituent une dyade de base qui s’inscrit dans des contextes sociaux, des contextes de vie et des biographies singulières, autant d’ancrages susceptibles de les impacter. La psychologie sociale de la santé et divers ancrages théoriques en psychologie sociale constituent des outils théoriques fort pertinents pour appréhender les enjeux de cette dyade bien spécifique. Il s’agira ici de revenir sur l’intérêt de développer ce type d’approche et de l’illustrer par un apport spécifique dans le champ de la cancérologie et de ses mutations actuelles via le recours à des modes d’administration des traitements en pleine mutation. En oncologie, la part grandissante des anticancéreux oraux produit une mutation dans la prise en charge médicale et la trajectoire des malades. Tandis que la chimiothérapie injectable est traditionnellement dispensée à l’hôpital par une infirmière, la prescription d’un anticancéreux orale participe à une autonomisation inédite du patient, tant sur le plan de la responsabilité du suivi de son traitement contre le cancer que sur l’identification et la gestion des effets indésirables à son domicile. Cette nouvelle donne justifie une exploration fine des dimensions pratiques et symboliques engagées dans l’appropriation du médicament. L’étude des significations et des conduites qui lui sont reliées permet de révéler les enjeux d’une relation soignant-soigné inéluctablement impactée par le contexte de la voie per os : la question et la négociation dans l’interaction de l’efficacité et de la toxicité du médicament, les ressources et les difficultés pour l’identification et la gestion des effets indésirables, les attentes et les besoins de médecines non conventionnelles et l’enjeu de l’interaction médicamenteuse sont autant d’enjeux qui se profilent de la relation soignant-soigné, qu’il s’agisse du cadre de la primo-prescription ou des séances d’éducation thérapeutique du patient. L’ajustement des pratiques relationnelles que cette étude permet de discuter souscrit au développement d’une prise en charge respectueuse des besoins psychosociaux des malades.
18. Gaëlle Mougin, doctorante à l’ENS Ulm, Archives Husserl (Paris) Gaëlle Mougin, ancienne Assistante Chef de Clinique de psychiatrie, est doctorante en philosophie à l’ENS (Ulm, Paris) aux archives Husserl sur le thème de la conscience et des psychothérapies. Elle est membre de la FRE CNRS 2006 PRISM (Marseille). Elle participe également à l’Atelier de phénoménologie expérientielle (APHEX) à Marseille et est co-éditrice de la revue « Chroniques phénoménologiques ». Intervention (conjointe avec Jean Vion-Dury) : L’Entretien phénoménologique expérientiel et l’exploration des vécus de conscience dans la clinique psychiatrique. La pratique de l’entretien d’explicitation dans son usage clinique (psychiatrique) amène à quelques adaptations, qui doivent être cohérentes d’une part avec la pratique par exemple de l’hypnose et de l’EMDR et, d’autre part, avec la littérature de la phénoménologie psychiatrique. D’une manière plus générale, toute psychothérapie apparaissant comme un processus de modification des vécus de conscience, il nous fallait penser une approche qui ne soit pas seulement cognitive. Nous avons ainsi été amenés à proposer d’autres formes d’explicitation des vécus de conscience, intégrables dans le cours d’un entretien à visée thérapeutique regroupées sous le nom d’entretien phénoménologique expérientiel. Plus encore, il nous a semblé que l’explicitation des vécus conscients pouvait également être pensée et interprétée à partir de la phénoménologie heideggérienne, et de l’« entre » (aïda) selon Kimura. Ainsi l’entretien phénoménologique expérientiel est une diffraction de l’entretien d’explicitation au travers des prismes de la clinique et de la thérapeutique.
19. Alexandra Nguyen, maître d’enseignement, Haute école de la santé La Source (Lausanne) Alexandra Nguyen est diplômée en soins infirmiers, et doctorante en sciences de l’éducation à l’Université de Genève. Maître d’enseignement, elle mène une activité pédagogique et scientifique dans le domaine des compétences professionnelles des soins infirmiers en psychiatrie. Elle s’intéresse particulièrement aux dispositifs de formation par la supervision dans les différents domaines que sont la formation professionnelle initiale, post-graduée en psychiatrie ainsi que dans le domaine du soutien et de l’accompagnement pédagogique des enseignants/professeurs des Hautes écoles spécialisées de la Santé. Elle participe à l’intégration des sciences de l’éducation dans les dispositifs d’éducation thérapeutique en psychiatrie. Intervention (conjointe avec Jérôme Fvarod) : Les enjeux de la première rencontre soignant-soigné pour l’alliance thérapeutique en psychiatrie L’alliance thérapeutique constitue la pierre angulaire de la relation soignant-soigné dans les soins psychiatriques et s’avère une condition essentielle à la réussite du processus thérapeutique. Elle lie le soignant et le soigné dans une dyade collaborative qui nécessite une démarche d’engagement réciproque, un accord sur les objectifs poursuivis ainsi qu’un processus d’ajustement relationnel continu tout au long de la thérapie. Il revient au soignant d’aménager des conditions relationnelles qui permettent la construction du lien, son maintien et son développement dès les premiers instants de rencontre. Trois types de variables semblent influencer l’alliance thérapeutique : celles liées au professionnel, celles liées au patient et celles liées à l’interaction et son contexte. Si cette alliance est essentielle au processus thérapeutique, la formation des professionnels est cruciale. Toutefois, sa place dans les cursus de formation ainsi que l’expertise de son enseignement tend à diminuer. La recherche en sciences de l’éducation constitue une ressource essentielle pour développer l’enseignement des compétences dans le domaine de l’alliance thérapeutique.
20. Magali Ollagnier-Beldame, chercheure CNRS, Laboratoire ICAR (Lyon) Magali Ollagnier-Beldame, née en 1976, est docteure en sciences cognitives (Lyon2) et chercheure au CNRS depuis 2012. Chercheure dans le champ des interactions humaines, elle dirige un programme sur l’intersubjectivité avec une approche psycho-phénoménologique s’appuyant sur une épistémologie et une méthodologie en première personne. Ses principaux objectifs de recherches sont de comprendre l’intersubjectivité « depuis l’intérieur » et d’explorer les conditions dans lesquelles une expérience peut être « partagée » par deux personnes. Elle étudie comment ces processus se déploient et sont co-construits lors des interactions, dans leurs dimensions perceptive, cognitive et corporelle. Notamment, elle étudie le vécu qui accompagne les situations de premières rencontres, particulièrement entre soignants et soignés. Intervention (conjointe avec Anne Cazemajou et Christophe Coupé) : Avancées de l’étude Thésée sur les premières rencontres soignant-soigné. Nous présenterons les résultats préliminaires de l’analyse de quinze entretiens réalisés auprès de soignants aux spécialités différentes, qui permettent de mieux décrire leur vécu des premières rencontres de soin. L’accent sera mis sur les catégories descriptives de l’intersubjectivité qui émergent au cours du traitement des transcriptions des entretiens. Il ressort en particulier différents modes de relation à l’autre et uneporosité des frontières interpersonnelles. Les entretiens mettent aussi en évidence la manière dont les thérapeutes et les patients prennent de l’information sur eux-mêmes, sur l’autre et dans l’espace intersubjectif, dans une co-construction permanente de leur relation. Nous verrons enfin comment des notions théoriques, comme celles de la matrice intersubjective de Stern ou du tiers analytique d’Ogden, viennent enrichir une construction catégorielle émergente et permettent de raffiner notre compréhension des processus en jeu.
21. Myriam Pannard, doctorante en psychologie sociale, Laboratoire GRePS, Université Lyon 2 (Lyon) Titulaire du master recherche en psychologie sociale « Représentations et transmissions sociales » de l’Université Lyon 2, et aujourd’hui doctorante en troisième année sous la direction de la Pr. Marie Préau au sein du Groupe de Recherche en Psychologie Sociale. L’objet de ce travail de thèse est d’explorer les enjeux éthiques et psychosociaux de la pratique des tests génétiques en oncologie et tente d’apporter à ces questions un éclairage centré sur l’expérience vécue et ses dimensions pratiques, émotionnelles et de connaissances. Intervention (conjointe avec Tanguy Leroy) : Apports des déterminants psychosociaux, émotionnels et éthiques dans l’instauration de la relation médecin-patient La rencontre médecin-patient s’inscrit le plus souvent dans un contexte émotionnel spécifique, souvent ambivalent, au moins pour le patient. En effet, en même temps que ce dernier fonde sur le soutien médical des espoirs de réassurance ou d’amélioration de sa santé, cette rencontre peut également s’avérer anxiogène si le patient redoute une altération de sa qualité de vie liée à la prise en charge (dépistage positif, diagnostic péjoratif, traitements lourds…). C’est dans ce contexte émotionnel que doit s’opérer une transmission réciproque d’informations (sur les symptômes, sur la pathologie, sur les traitements…) visant à établir un diagnostic approprié de la situation et/ou à prendre une décision de soins à la fois éclairée et adaptée aux capacités et difficultés, effectives ou anticipées, du patient. L’efficacité de cette transmission d’informations, et donc des aboutissements de la rencontre, repose alors sur diverses compétences psychosociales du médecin et de son patient que nous tenterons d’identifier. Il s’agira ainsi de préciser les apports de la psychologie sociale, et notamment d’une approche socio-affective, pour la compréhension des déterminants de la qualité de la relation médecin-patient, et d’illustrer ces aspects théoriques par des données recueillies dans le cadre spécifique des consultations d’oncogénétique. En France, l’étude des prédispositions génétiques au cancer est réalisée par les oncogénéticiens et conseillers en génétiques. Une étude par entretiens semi-directifs menée auprès de 27 de ces professionnels de santé a permis d’explorer différentes dimensions de leur expérience vécue, dans un contexte d’exercice en pleine évolution. Nos résultats nous ont permis d’identifier les éléments clés structurant la pratique professionnelle en oncogénétique : la capacité à délivrer une information fiable et compréhensible, à réaliser des tests génétiques pertinents et à mettre en place une prise en charge adaptée. Les professionnels en oncogénétique considèrent comme privilégiées leurs relations avec leurs patients en raison des thématiques des consultations mais aussi de leur durée. Très engagés dans leurs pratiques professionnelles, les oncogénéticiens et conseillers en génétiques revendiquent une réflexion éthique mise au service des patients ainsi que le développement de compétences professionnelles et notamment socio-affectives, indispensables au bon exercice de leur travail.
22. Claire Petitmengin, professeure émérite, Institut Mines-Télécom & Archives Husserl (Paris) Claire Petitmengin est titulaire d’un doctorat en sciences cognitives sur le thème de l’expérience vécue qui accompagne l’émergence d’une intuition, et d’une Habilitation à Diriger des Recherches en philosophie. Actuellement professeur émérite à l’Institut Mines-Télécom, elle est également membre des Archives Husserl à l’Ecole Normale Supérieure à Paris. Ses recherches portent sur la dynamique inconsciente de l'expérience vécue et les méthodes "micro-phénoménologiques" permettant d'en prendre conscience et de la décrire. Elle étudie les conditions de validité de ces méthodes, leurs applications dans les domaines pédagogique, artistique, thérapeutique et contemplatif, et les conséquences philosophiques de ces investigations empiriques. Intervention : Décrire l'expérience d'une rencontre, du visible à l'invisible. L'exposé sera consacré aux conditions de possibilité d'une description "micro-phénoménologique" rigoureuse de l'expérience d'une rencontre. Nous nous interrogerons sur les procédés pertinents pour décrire non seulement les aspects de cette expérience qui sont les plus immédiatement reconnaissables, mais ses dimensions plus difficilement accessibles à la conscience et moins aisément descriptibles. Par exemple, comment étudier le "ressenti" subtil et très spécifique suscité en nous par la présence de l'autre, ainsi que son évolution ? Comment explorer finement cette micro-dynamique méconnue et ordinairement invisible, et la décrire suffisamment précisément pour qu'émergent de ces descriptions des catégories descriptives génériques et un vocabulaire partagé sur ce type d'expérience ?
23. Marie Préau, professeure de psychologie sociale, Laboratoire GRePS, Université Lyon 2 (Lyon) Professeure de psychologie sociale de la santé au sein du laboratoire GRePS de l’Université Lyon 2, Marie Préau est membre de diverses instances nationales dans le champ de la santé publique (HCSP, Inserm, Comité d’Ethique de l’Inserm, Conseil National du Sida, Conseil Scientifique des Seintinelles), et locales en tant que responsable de l’axe SHS du cancéropole CLARA notamment. Membre de la Commission Recherche de l’Université Lyon 2, Marie Préau est aussi co-animatrice de l’Axe Santé de l’ISH. Marie Préau s’intéresse aux enjeux psychosociaux de la prévention et de la prise en charge des pathologies chroniques et plus spécifiquement de l’infection VIH et du Cancer. Cet intérêt pour les déterminants psychosociaux se formalise aussi via une approche épistémologique et méthodologique spécifique qu’est la recherche communautaire. Il s’agit bien ici d’une co-construction de la recherche avec les populations concernées à toutes les étapes et dans une logique de reconnaissance des expertises profanes notamment. Intervention (conjointe avec Thibaud Marmorat) : Les représentations des patients comme outils de compréhension des relations médecins-patients : les apports de la psychologie sociale de la santé Les relations médecins-patients constituent un lieu essentiel de la mise en place de la prise en charge des maladies chroniques. En ce sens, étudiées depuis de très nombreuses années par les différentes disciplines des sciences humaines et sociales, elles constituent une dyade de base qui s’inscrit dans des contextes sociaux, des contextes de vie et des biographies singulières, autant d’ancrages susceptibles de les impacter. La psychologie sociale de la santé et divers ancrages théoriques en psychologie sociale constituent des outils théoriques fort pertinents pour appréhender les enjeux de cette dyade bien spécifique. Il s’agira ici de revenir sur l’intérêt de développer ce type d’approche et de l’illustrer par un apport spécifique dans le champ de la cancérologie et de ses mutations actuelles via le recours à des modes d’administration des traitements en pleine mutation. En oncologie, la part grandissante des anticancéreux oraux produit une mutation dans la prise en charge médicale et la trajectoire des malades. Tandis que la chimiothérapie injectable est traditionnellement dispensée à l’hôpital par une infirmière, la prescription d’un anticancéreux orale participe à une autonomisation inédite du patient, tant sur le plan de la responsabilité du suivi de son traitement contre le cancer que sur l’identification et la gestion des effets indésirables à son domicile. Cette nouvelle donne justifie une exploration fine des dimensions pratiques et symboliques engagées dans l’appropriation du médicament. L’étude des significations et des conduites qui lui sont reliées permet de révéler les enjeux d’une relation soignant-soigné inéluctablement impactée par le contexte de la voie per os : la question et la négociation dans l’interaction de l’efficacité et de la toxicité du médicament, les ressources et les difficultés pour l’identification et la gestion des effets indésirables, les attentes et les besoins de médecines non conventionnelles et l’enjeu de l’interaction médicamenteuse sont autant d’enjeux qui se profilent de la relation soignant-soigné, qu’il s’agisse du cadre de la primo-prescription ou des séances d’éducation thérapeutique du patient. L’ajustement des pratiques relationnelles que cette étude permet de discuter souscrit au développement d’une prise en charge respectueuse des besoins psychosociaux des malades.
24. Gérald Thévoz, travailleur social (Genève) Dessinateur architecte de 1ère formation, il passe par l'animation puis fait une licence en théologie à l'université de Genève. Sa sensibilité pour les questions de marginalité sociale l'a conduit à développer depuis plus de 28 ans une pratique clinique psychosociale dans le domaine du traitement des addictions au sein de l'association Argos à Genève. Il lie son engagement professionnel à un processus de formation continue en politique sociale, en management des institutions sociales et à la supervision dans le domaine de l'action sociale et psychosociale. Il accompagne comme superviseur des étudiants, des professionnels et des équipes du travail social et de la petite enfance. Formé à l'entretien d’explicitation par P. Vermersch et d'autres membres du Grex2, la psychophénoménologie est au centre de ses différentes postures professionnelles.
25. Jean Vion-Dury, Maître de conférences & praticien hospitalier, CHU de Marseille (Marseille) Maître de conférences-praticien hospitalier (HDR) au CHU de Marseille, Jean Vion-Dury dirige l’unité de Neurophysiologie, Psychophysiologie et Neurophénoménologie du pôle de psychiatrie universitaire. Il est membre de la FRE CNRS 2006 PRISM (Marseille). Il participe également à l’Atelier de phénoménologie expérientielle (APHEX) à Marseille et est éditeur en chef de la revue « Chroniques phénoménologiques ». Intervention (conjointe avec Gaëlle Mougin) : L’Entretien phénoménologique expérientiel et l’exploration des vécus de conscience dans la clinique psychiatrique. La pratique de l’entretien d’explicitation dans son usage clinique (psychiatrique) amène à quelques adaptations, qui doivent être cohérentes d’une part avec la pratique par exemple de l’hypnose et de l’EMDR et, d’autre part, avec la littérature de la phénoménologie psychiatrique. D’une manière plus générale, toute psychothérapie apparaissant comme un processus de modification des vécus de conscience, il nous fallait penser une approche qui ne soit pas seulement cognitive. Nous avons ainsi été amenés à proposer d’autres formes d’explicitation des vécus de conscience, intégrables dans le cours d’un entretien à visée thérapeutique regroupées sous le nom d’entretien phénoménologique expérientiel. Plus encore, il nous a semblé que l’explicitation des vécus conscients pouvait également être pensée et interprétée à partir de la phénoménologie heideggérienne, et de l’« entre » (aïda) selon Kimura. Ainsi l’entretien phénoménologique expérientiel est une diffraction de l’entretien d’explicitation au travers des prismes de la clinique et de la thérapeutique. |